"Je m'appelle Salomeya Bauer, et je suis née le 15 Septembre 1989 à Tbilissi.
En 1993, deux années après le début de la guerre civile, ma mère a décidé de m'envoyer chez ma grand-mère en Russie, pour me mettre en sécurité et me faire échapper à la guerre. Ce déménagement, qui ne devait durer que quelques mois, se prolongea pendant 15 années de ma vie. J'ai commencé à peindre lorsque j'étais très jeune, et lorsqu'il a été question de mes études supérieures c'est sans hésitation que je me suis tournée vers le design. Après avoir obtenu mon diplôme en graphique design, je suis partie à Moscou, je rêvais de devenir réalisatrice de films.
J'ai intégré à Moscou d'Institut nationale de la cinématographie (VGIK), pour y étudier la réalisation de documentaires. C'est à cette époque que la Russie est devenue de plus en plus rigide, et que la société s'est transformé en un régime, du moins c'est la vision que j'en ai. L'art était de plus en plus contesté et de nombreuses mesures de censure virent le jour. J'ai alors senti que je devais retourner en Géorgie et je suis retournée à Tbilissi en 2014.
J'ai recommencé progressivement à peindre, jusqu'à consacrer tous mes temps libres à cette activité. C'est devenu pour moi une façon d'exister, ce pourquoi je suis ici sur terre."
Les figures peintes par Salomeya sont de face. L'artiste a choisi de jouer sur l'androgénité de ses personnages en ne montrant que très rarement leurs sexes ou attributs sexuels, seulement quand le sujet du tableau en dépendait. Leurs traits, figés, inexpressifs, ne sont pas bavards non plus. C'est ainsi dans la composition du tableau et le jeu des couleurs qu'on réussi à lire le sens de chacun d'entre eux.
On y retrouve de nombreuses références mythologiques, un Thésée amoureux du Minotaure, Orphée suivi par Eurydice aux portes des enfers... Les œuvres de l'artistes sont très personnelles, elles traitent des instants de sa vie, de ses questionnements et de ses angoisses. Peindre est pour elle une nécessité, "le monde a moins besoin de mes peintures que moi, je ne pourrais pas vivre sans elles".
Salomeya est inspirée depuis son plus jeune âge par l'oeuvre de nombreux artistes tels que Mondrian, Klimt, Gauguin. En revenant en Géorgie, elle a trouvé beaucoup d'inspiration dans les Géorgiens qui l'entourent. L'amitié est selon elle un principe très fort en Géorgie et la fidélité des personnes qu'elle a rencontré ici a su créé un environnement stable et fertile pour sa créativité.
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