Richard Laté Body Lawson est un artiste peintre et calligraphe togolais né en 1986. Il vit et travaille à Lomé.
Richard connaît des débuts de scolarité compliqués, notamment dans le domaine de l’écriture. Pour y remédier, il suit à l’âge de 9 ans une formation de calligraphie à la Grande Chancellerie de l'Ordre du Mono de la Présidence de la République du Togo, sous les ordres de Feu Ettey François. Richard prend goût à cette discipline artistique, qu’il parfait avec sérieux jusqu’à devenir en 2010 responsable du service Calligraphique de la présidence togolaise.
En parallèle, Richard s’initie aux arts plastiques de manière autodidacte, et sa pratique de la calligraphie l’aide à s’exprimer dans les médiums de la peinture et le dessin. Richard aime mêler la poésie, le texte et l’image dans ses créations; Richard est un rêveur, et souhaite faire rêver avec ses oeuvres .
Après un diplôme de marketing et stratégie à l’université de Lomé, Richard travaille à la grande imprimerie de Lomé, car ce travail le rapproche de sa passion. "Après ma formation à l’Université, j'ai traîné quelque temps avec mon diplôme; je ne faisais rien à la maison. Arrivé à l'imprimerie, je voyais des images tous les jours, comment traiter les images, ça m'a beaucoup touché, et c'est là que j'ai viré un peu dans l'art visuel".
Richard place la nature et plus particulièrement la relation des hommes à la nature au centre de sa pratique, ce qui l’incite à ne travailler presque que sur des supports de seconde main, tels que les chutes de papier récupérés à l’imprimerie.
Son Laboratoire
Son atelier, situé en annexe de la maison familiale, est unique en son genre. Les instruments du peintre traditionnel manquent à l’appel, et sont remplacés par des objets pour le moins étonnants.
On trouve dans son laboratoire des plumes d’oies, des pots de peinture industrielle, des lunettes-loupes, des papiers et supports en tous genres. Le pinceau ne semble pas faire partie de la riche palette de l’artiste. Richard a mis au point sa propre technique de création, mêlant l’usage de ses mains, du support, de différents mélanges et du temps. En effet, l’artiste crée son œuvre à la manière d’un chimiste, faisant rentrer plusieurs composants en réaction et laissant le temps opérer et modifier la matière. Retour sur quelques outils essentiels de l'artiste Richard Laté:
Les Lunettes-loupe - Cet objet peu commun a d’ordinaire sa place dans des joailleries ou d’autres milieux nécessitant une précision chirurgicale. Ici, cet objet accompagne Richard dans le visionnage de ses toiles, et l’aide à scruter les formes issues des réactions entre les différentes peintures. Il lui permet aussi de déceler des compositions naturelles tout droit sorties de l’abstraction, et ainsi faire le liant avec le monde extérieur. Avec ces lunettes, les œuvres de Richard prennent une autre dimension, et permettent au spectateur de devenir chercheur dans un monde dicté par la nature.
La pipette - Instrument de prédilection du chimiste chercheur, la pipette, cette fois remplie d’un mélange d’eau et d'alcool ménager, joue le rôle de chef d’orchestre dans l’élaboration de l’œuvre. Une fois les peintures et autres substances déposées sur le support, Richard contrôle et accompagne la réaction à coup de pipette, et déplace certains éléments pour changer la structure de sa création.
La feuille quadrillée - Une feuille blanche de taille identique à la composition, découpée tel un quadrillage pour voir à travers certaines parcelles carrées. Richard superpose cet outil sur chacune de ses œuvres achevées, afin d’étudier la balance de sa composition, sa structure, et la complémentarité des formes et couleurs. Cette dernière vérification du produit fini est cruciale car elle contrôle l’esthétique ainsi que l’homogénéité du résultat.
SES OEUVRES
Richard exploite sa fibre artistique pour évoquer des sujets sensibles de sa société. L’environnement est un thème récurrent de ses œuvres, comme en atteste sa série sur l’eau et la pollution des eaux. Il revient à l’infiniment petit pour étudier la décomposition et les effets de la pollution sur les fonds marins. Ses peintures abstraites prennent leur sens dans leur processus de création, qui récite une réaction naturelle et dictée par la nature.
La technique de peinture de Richard sert son propos et révèle la nature microbiologique de l’eau. On peut contempler à la loupe différentes formes, réactions et anomalies présentes sur la toile, qui font écho aux décompositions de déchets solides. Un éloge de la nature qui veille à limiter les dégâts que nous lui infligeons.
Dans un second temps, Richard a choisi de modifier numériquement ses peintures. Il emprisonne sa jeune création dans un parallélépipède, une façon de rendre compte de l’impact de notre mode de vie sur une nature de plus en plus asphyxiée.
La technique est simple et peu développée, les couleurs et découpages sont tranchants. Les tonalités et formes artificielles se confrontent à la création organique.
Un artiste de lomé
Galerie
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