Lomé, capitale du Togo, occupe une place centrale dans l'Afrique de l'ouest. Sa culture et son art sont d'une diversité étonnante, nourris par près de cinquante ethnies différentes. Le patrimoine culturel riche du Togo et son attachement au culte vaudou donne à voir beaucoup d’œuvres d'inspiration spirituelle. Les statuettes, masques, sculptures en bois massif sont des médiums récurrents des artistes du début du XXème siècle.
Lomé est une ville d'un million et demi d'habitants, et n'offre pas d'éducation dans le domaine de l'art visuel. Elle dispose cependant d'une école d'architecture et d'urbanisme (EAMAU), créée à la suite d'une résolution du sommet des Chefs d’Etats de l’OCAM (Organisation commune africaine et malgache) en 1975. Ce sommet initia le partenariat qui lie aujourd'hui 14 pays d’Afrique francophone, au Sud du Sahara, dans les programmes d'éducation supérieure.
Il faut se rendre à Abidjan, en Cote d'Ivoire, ou bien à Dakar, au Sénégal, pour poursuivre ses études dans le domaine des arts visuels. Ces difficultés à poursuivre ses études dans ce domaine font de la scène artistique togolaise une scène majoritairement autodidacte.
La période moderne pour les artistes togolais arrivera avec le travail de Paul Ahyi.
Après s'être formé dans les écoles de Dakar, Lyon et Paris, Paul Ahyi rentre au Togo avec beaucoup d'ambitions, et avec un art beaucoup plus occidentalisé. Il réalise de nombreuses œuvres monumentales décorant le paysage urbain de la capitale. Lomé recèle une trentaine d’œuvres publiques, allant de la mosaïque à la sculpture, aux monuments commémoratifs et à l'architecture.
En plus de donner à la ville de Lomé, Ahyi dessine le drapeau de son pays, et crée l'école de Lomé, école informelle formant les jeunes artistes dans son atelier, tels que Emmanuel Sogbadji, Pierre Segoh et tant d'autres.
Depuis sa mort en 2009, Paul Ahyi a laissé un vide dans le paysage contemporain togolais. En effet, Paul Ahyi jouait un rôle primordial dans la médiation entre les artistes et le gouvernement, et avait une grande influence sur les décisions culturelles, ne laissant que peu de places aux autres artistes du pays.
Les commandes de décoration de l'espace publique restent cependant une priorité du gouvernement. Le président et amateur d'art Faure Gnassingbé a récemment mis en place un fond d'aide à la culture, qui a, entre autres, permis de commissionner 8 artistes plasticiens pour décorer Le chemin de la paix, d' une mosaïque colorée et joyeuse de 9000 mètres carrés en plein centre de la capitale.
La scène artistique togolaise vit une période mouvementée, marquée par une forte précarité des institutions culturelles et une forte volonté de créer des infrastructures pour développer l'art contemporain. Dans les mois à venir, Lomé assistera à l'ouverture du Palais de Lomé, "un équipement de loisirs culturels et de parc ouvert au public". Ce palais, qui devait à la base être un centre d'art contemporain, proposera des espaces d’exposition multimédia, une librairie, une galerie d’art, deux restaurants, dont un gastronomique, et une boutique. Lomé verra aussi l'ouverture de la Fondation Agnassan, un centre d'art crée par Paul Ahyi lui même qui sera "un espace, un lieu, un repère ou un refuge artistique". De notre expérience et des différentes désillusions passées sur la scène artistique de Lomé, Il faudra attendre 2020 pour y voir clair sur ces espaces de promotion et de diffusion culturelle.
Nous avons la conviction que cette région encore très peu médiatisée d’Afrique nous réserve des témoignages artistiques forts et est cohérente pour notre projet. Les instituts culturels semblent ne pas bénéficier de moyens suffisants pour exposer autant qu’ils le voudraient, ou même pour durer, et n’ont pas encore la portée qu’ils escomptent. Les recherches et rencontres de certains artistes au Togo seront matière à argumenter notre travail, et sont disponibles dans l'onglet articles.