Le début du XXème siècle au Liban fut marqué par la libération de l’art du langage académique. Les principes élémentaires des techniques artistiques modernes ont été introduits au Liban par Habîb Surur (1860-1938) et Khalîl al-Salîbî (1870-1928). Ces deux artistes ont su ajouter les complexités de l’ombre et de la lumière, et donner vie et expression aux formes, jusqu’alors figées et inertes. On assiste alors au début de la renaissance artistique Libanaise.
Au sortir de la première guerre mondiale, une nouvelle génération d’artistes libanais apparait, plus libres que ses aînés. Les plus connus de cette génération sont Mustafa Farrûkh (1901-1957), Qaysar al-Jumayyil (1889- 1958), ’Umar al-Unsi (1901-1969), Salîba al-Duwayhi (1912-1994) et Rachîd Wahba (1917-1993). Ces figures de l’après-guerre sont non seulement des artistes mais aussi des enseignants de premier plan, qui mettent en place l’enseignement de l’art dans les écoles et universités et rendent leur art populaire auprès du grand public.
Les années 30 ont vu l’apport de nouveaux éléments qui ont puissamment contribué à populariser l’art dans le Liban d’aujourd’hui. En 1937 est fondée l’Académie des Beaux-Arts de Beyrouth, qui rassemble les maîtres classiques et modernes, libanais, français et italiens. La nouvelle génération ne se contente plus de recevoir, désormais elle donne. Et son « don » se concrétise dans les œuvres d’avant-garde qui ont pu pénétrer des domaines et des milieux jusqu’alors réservés à l’art occidental. Le Liban est un pays où 50% de la population est entièrement ou partiellement francophone. Le pays a ainsi pu profiter d’une plus grande ouverture culturelle lors de la récente révolution internet, et ont pu tirer profit de cette mondialisation et mise à disposition d’un patrimoine culturel mondial. Leurs travaux ont une plus grande portée et seront plus facilement expliqués par les artistes.
Dans le chantier de la future mégapole du XXIe siècle, nombreux sont ceux qui réclament un travail de mémoire aux années de guerre et à leurs crimes. De nouvelles pratiques artistiques naissent : performances, installations, vidéos, musique, photographie, cinéma vont donner naissance à des expériences originales. Produites avec des moyens très réduits, ces expérimentations investissent des lieux insolites, parfois délabrés, et poussent le débat sur la place publique. Pierres angulaires des créations libanaises des années 1990 et 2000, l’investigation de l’histoire récente et l’évocation de ses fantômes permettent d’exprimer tout un éventail de problématiques liées à la culture urbaine.
Aujourd’hui, Le Liban est divisé entre une volonté d’ouverture culturelle et sociale et une forte résurgence des institutions violentes et d’une lutte âpre contre le terrorisme frappant les pays arabes; les artistes libanais sont confrontés à un sentiment d’enlisement politique, une sorte de fatalisme face à une guerre qu’ils ne maîtrisent pas, et peinent aujourd’hui à témoigner librement de la situation délicate et épineuse de leur pays. L’art révèle désormais sa qualité d’instrument permettant d’exprimer les frustrations et humiliations vécues par des peuples dans la tourmente ; du côté occidental, la peur face à des menaces terroristes se mêle de curiosité pour des cultures souvent méconnues. C’est dans ce contexte que le Liban affirme ses singularités et ce pourquoi nous voulons l’étudier.