Ishola Akpo est un photographe, vidéaste et artiste multimédia originaire de Côte d’Ivoire, qui vit et travaille au Bénin. Suivant les conseils de son père, Ishola décide de se former au graphisme, l’une des seules formations artistiques disponibles à cette époque à Cotonou, et commence sa carrière dans une agence de communication. Très inspiré par les tableaux de Dominique Zinkpé et les œuvres de Charly d'Almeida, il se fait vite rattraper par la photographie et se consacre alors exclusivement aux photo-montages. Pour pallier le manque d’école d’art au Bénin, Ishola décide de candidater dans plusieurs résidences à travers le monde afin de se former à la photographie. L’artiste sera alors sélectionné pour effectuer une résidence d’un mois au Sénégal avant de partir pour Paris, Bruxelles, Ouagadougou…
En 2013, Ishola remporte la Bourse Visa pour la création, attribuée par l’Institut Français à Paris, grâce à laquelle il réalisera à la Cité des arts à Paris sa série Pas de flash s’il vous plait ! un travail de recherche sur les liens opérants entre la photographie et la lumière.
En 2015, Ishola est fait Lauréat du prix Photoquai pour sa série Les mariés de notre époque ; une réflexion sur la réappropriation de la pratique ancestrale de la dot chez les jeunes générations d’africains et les mutations qu’elle entraîne ; et rentre dans la collection du Musée du Quai Branly à Paris.
Depuis, le travail de l’artiste a été salué dans de nombreux événements internationaux comme Biennale de Venise Off et Festival International de Photographie du Cabo-Verde, et nous avons à cœur de vous partager le fruit des échanges fructueux que nous avons eu avec lui.
Pas de flash s’il vous plait !, 2013
Pas de flash s’il vous plait !, 2013
Pas de flash s’il vous plait !, 2013
Pas de flash s’il vous plait !, 2013
Pas de flash s’il vous plait !, 2013
Pas de flash s’il vous plait !, 2013
les mariés de notre époque, 2015
les mariés de notre époque, 2015
les mariés de notre époque, 2015
les mariés de notre époque, 2015
les mariés de notre époque, 2015
les mariés de notre époque, 2015
Comme la plupart des artistes béninois, Ishola est un artiste « autodidacte », à savoir qu’il n’a pas reçu de formation dans l’art à proprement parler. Selon lui, cette situation est un avantage car elle lui permet de s’être formé dans la grande école de la vie comme il aime nous le rappeler :
« Quand vous allez aux marchés, la dame qui vend des tomates fraîches et du piment créé une forme d’installation, au bord de la voie les gens qui vendent un peu partout de l’essence frelatée ou des tee-shirts sont dans cette même approche que je vois artistique. Toutes ces images qui m’ont imprégnées depuis mon enfance ont nourri mon regard et ont développé mon sens artistique. Quand bien même je n’ai pas été dans une école d’art contemporain, je préfère ne pas avoir reçu de règle et faire mes œuvres comme je l’entends selon ma vision du monde »
Le travail d’Ishola Akpo est une réflexion sur les pratiques traditionnelles et la notion d’identités multiples présentes en Afrique et au Bénin. En utilisant des techniques modernes comme la photographie et la vidéo, l’artiste questionne les particularités de son pays et de sa culture qu’il présente sur différents niveaux de lectures à travers ses œuvres. 
Dans sa dernière série Daïbi, sur les chasseurs Nago de la région de Savé (Bénin), l’artiste a exploré les pratiques cultuelles de sa famille afin de mettre en scène le dieu imaginaire « Daïbi » qui réunit les quatre éléments naturels : l’eau, le feu, l’air et la terre (connus au Bénin comme la cosmogonie du Fâ). 
Ishola nous raconte comment il a réalisé ce travail:
Série Daïbi , 2017
Série Daïbi , 2017
Série Daïbi , 2017
Série Daïbi , 2017
Série Daïbi , 2017
Série Daïbi , 2017

Ishola à propos de sa série de photographies Daïbi (2017)

 Ishola travaille à la mise en place de son atelier/espace d’exposition dans sa ville d’enfance, Abomey-Calavi, en banlieue de Cotonou : 
« Je souhaitais installer mon atelier dans ce lieu où j’ai grandi, car les gens de mon quartier ne savent pas ce que je fais. Les gens pensent qu’un artiste est nécessaire quelqu’un qui doit faire de la musique et passer à la télé ; il était important pour mon père et moi-même de changer les mentalités ici. L’art est aussi un travail comme les autres, et c’est ce qu’on voulait montrer. Aujourd’hui les gens me posent beaucoup de questions, le quartier s’impatiente de découvrir ce que je fais et ce qu’est l’art. Nous sommes aussi dans une zone universitaire, j’ai envie de faire venir les étudiants qui s’intéressent à l’art en leur mettant à disposition une bibliothèque pour qu’ils puissent se documenter sur l’art contemporain et la photographie.
Tout ce que je fais est une expérience, mon idée première était de ramener mes œuvres qui sont en Europe mais sans espace sur place c’était tout simplement impossible… »
Dans une ville comme Cotonou où il n’existe aucun lieu exclusivement réservé à la photographie et à la vidéo, l’initiative d’Ishola donnera à ces médiums, encore très minoritaires au Bénin, une plus grande visibilité. L’artiste souhaite mettre en place des master classes, des résidences d’artistes et des lectures de portfolios ouvertes au public. Ce lieu sera donc un espace d’expérimentation artistique, que l’artiste veut populaire, dans un pays où l’art est encore vu comme un luxe.

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