Le Bénin fût l’un des premiers état africain découvert par les navigateurs Européens. Dès les premiers échanges commerciaux avec les Européens, le Bénin fascine par la qualité de son art de cour, réputé pour ses bronzes et sculptures en ivoire. Dès le XVe siècle, le Royaume de Bénin jouira d’un rayonnement continental et indépendant des puissances européennes. Ainsi, le nom « Bénin » servira à définir une région géographique au-delà de ses propres frontières (Golfe du bénin, climat Béninien). Les ethnologues l’utiliseront ensuite pour qualifier cette aire culturelle rayonnant jusqu’au frontières du Niger et de la Volta. L’expansion du Royaume de Bénin fut accompagnée du développement d’une brillante civilisation fécondée par les influences yoruba, en particulier dans le domaine des arts plastiques. La domination Bini au XVIème siècle, dont les territoires s’étendaient de l’actuelle république du Bénin et du Togo jusqu’au delta du Niger, se retrouve dans les arts premiers, imprégnés des autres formes d’art voisines, notamment celle des Igalas, peuple vivant au sud de Nigeria. On retrouve dans ces régions des œuvres empruntent de plusieurs styles d’art, comme les sculptures d'ivoire d'Owo dont les iconographies sont semblables à celles de l’art béninois.
De nombreux objets d’art furent saisis et amenés en Europe en 1897 après la dissolution du royaume et la prise de Bénin city, pour apparaître dans les musées occidentaux. L’art de cour du Royaume de Bénin est aujourd’hui considéré comme l’un des plus remarquables parmis les arts de l’Afrique subsaharienne et il incarne le rayonnement passé de son royaume.
Aujourd’hui, le Bénin cherche à reconstituer son patrimoine culturel, en demandant aux pays Européens, notamment la France, de restituer des oeuvres d’art, prises à l’époque coloniale. C’est un des enjeux majeurs du développement culturel au Bénin; Lazarre Eloundou, directeur adjoint de la division du patrimoine de l’Unesco, affirme: "ll y a 40 ans, la question de la restitution n’était pas aussi prenante, mais aujourd’hui, nous sentons qu’il y a un besoin des pays africains, surtout, de construire leur développement en s’appuyant sur la culture". Ces “trésors de la royauté” allant des trônes aux portes de bois gravées et aux sceptres royaux sont des éléments indissociables de l’Histoire du pays, et ne sont pourtant pas accessibles aux béninois.
Conjointement, on assiste depuis les années 1990 à un véritable essor de l’art contemporain au Bénin. Les artistes béninois, suivi de près par ceux du Togo, ont la volonté de présenter le vrai visage de l’Afrique. Romuald Hazoumé, Meschac Gaba, Dominique Zinkpé, Leonce Raphael Agbodjelou et bien d’autres sont acteurs de ce renouveau, d’une richesse artistique fondée sur l’immense patrimoine culturel du pays. Les acteurs de la scène artistique béninoise, pour la plupart autodidactes, sont déterminés à se faire un place sur la scène internationale et à exporter leur art.
À défaut de récupérer les oeuvres symboliques de son histoire, le Bénin a vu sa population consommer frénétiquement des objets venus d’Asie et d’Europe jusqu’à remplir toutes les décharges. Les artistes contemporains ont beaucoup traité ce sujet par le biais de la récupération. En utilisant ces déchets et rebuts dans leurs oeuvres, cette fois ci dans une utilisation plus esthétique, cette nouvelle vague d’artistes a traité des thématiques variées, allant de la transformation du patrimoine avec les masques-bidons de Romuald Hazoumé jusqu’à la quête de l’utilité matérielle avec les sculptures d’Aston, artiste récupérateur Béninois. Nous avons décidé de faire du Bénin notre objet d'étude pour aller à la rencontre de ces artistes plasticiens et comprendre leurs motivations.